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L’intersyndicale de l’Unité territoriale de Lot-et-Garonne : Au ministère du travail, on se tue au travail ! Nous accusons !

Tract intersyndical Lot-et-Garonne journée du 7 février 2012

Romain Lecoustre, Inspecteur du Travail, s’est suicidé à son domicile, le 18 janvier 2012. Au mois de juillet dernier, notre collègue avait déjà attenté à ses jours.

Trop plein d’une charge de travail aggravée par celle des intérims dont la hiérarchie a refusé de prendre la mesure.
Trop plein de pression croissante sur les chiffres et d’une organisation du travail, en décalage complet avec la demande des usagers.
Trop plein de la hiérarchie qui fait de la dévalorisation et de la déstabilisation des agents un mode de relation hiérarchique.
Dès 2010, le médecin du travail et à sa suite les organisations syndicales avaient alerté sur la détérioration des conditions de travail dans le service en missionnant un expert.

A la suite de sa tentative de suicide, tous les échelons hiérarchiques ont été alertés sur la détérioration de ses conditions de travail et nous avons dénoncé leur inertie à prendre des mesures afin de faire cesser cette situation. L’ensemble des témoignages recueillis et des éléments démontrant le caractère professionnel de la tentative de suicide leur ont été transmis.

De la hiérarchie locale jusqu’au ministère, l’administration savait.

Notre ministère qui est censé être celui du dialogue social a toute sa place dans la liste rouge des entreprises qui ne traitent pas leurs risques psycho-sociaux.

L’Aquitaine aussi est touchée, deux départements le sont particulièrement (Les Landes et les Pyrénées-Atlantiques), des diagnostics commandités par l’Administration (certains datant de plus de 2 ans) ont confirmé le lien entre la souffrance des agents et leur activité professionnelle. L’environnement hiérarchique pour un cas a été mis en cause. Aucune mesure concrète pour protéger nos collègues ni aucune aide ne leur a été proposée.

Nous accusons l’administration :
de laisser perdurer cette situation sans agir, et même de l’aggraver,
de maintenir une politique du chiffre et du résultat sans état d’âme dans tous les services,
et de contribuer à la destruction du service public.

La politique du chiffre est basée sur des objectifs définis au ministère, sans aucun lien avec les demandes et les attentes des usagers dans un contexte de suppressions de postes, d’externalisation des missions et de suppressions des budgets qui permettaient d’accompagner les licenciements des entreprises (cellules de reclassement, Pré-retraite FNE, etc.).

La conséquence directe, c’est :
Moins de contrôles en entreprise
Moins de temps pour le conseil et le renseignement des usagers
Plus d’inégalités et d’injustices pour les salariés livrés à eux-mêmes !

Ce suicide s’ajoute malheureusement à une liste qui commence à être longue dans notre ministère (Luc Béal-Rainaldy s’est suicidé en mai 2011 dans les locaux du ministère du travail).

Aujourd’hui, après notre colère et écœurement nous demandons justice pour nos collègues Romain et Luc. Nous demandons la reconnaissance immédiate de leurs suicides en accidents du travail.

La mise en place de la RGPP, de la politique « travail », de la performance individuelle, de la réduction d’effectifs, ont détérioré les conditions de travail des agents. L’arrivée imminente de la rémunération à la tête du client ne va pas améliorer les choses, bien au contraire !

Aujourd’hui, il serait dangereux voire criminel que le ministère, par son obstination à ne pas entendre les agents et leurs organisations syndicales, prenne le risque que d’autres drames surviennent dans nos services. Il y a urgence à répondre aux revendications !

 abandon immédiat de tous les objectifs chiffrés
 arrêt des suppressions d’emplois alors que la charge de travail ne cesse d’augmenter
 arrêt des suppressions de missions (emplois, formation professionnelle), des mutualisations de fonctions avant leur externalisation
 stop à la dévalorisation et la déstabilisation des agents comme mode de relations hiérarchiques.

C’est pour toutes ces raisons que nous sommes dans l’action aujourd’hui.

Agen le 6 février 2012


Article publié le mercredi 8 février 2012