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Détachement de salariés étrangers : cynisme et mensonges du gouvernement et du patronat !

Depuis plusieurs années les discours des Gouvernements, des Ministres du Travail et des milieux patronaux sur la PSI fleurent bon le cynisme et le mensonge avec une curieuse odeur en arrière-plan : l’idée que les salariés étrangers viennent voler le travail des salariés français. Ce discours d’enfumage, abondamment relayé par la quasi-totalité des médias, vient d’avoir une traduction concrète dans nos services à travers l’Instruction DGT du 5 février 2015. Coût de cette gigantesque pompe à brouillard pour l’Inspection du Travail : 500 chantiers.

Pour se rendre compte des aspects cyniques et mensongers des discours, un petit retour en arrière s’impose. Le 16 décembre 1996 est adoptée la Directive 96/71/CE. Cette directive, modifiée depuis et sa petite sœur du 15 mai 2014, n’a pas pour objet la protection des salariés détachés mais l’organisation à l’échelle européenne d’un système de "dumping social" profitant aux seuls employeurs (basés à l’étranger - qui peuvent être français - et en France) et donneurs d’ordre au détriment des salariés et favorisant à plus long terme un nivellement des droits sociaux par le bas.

Voilà pour le mensonge auquel s’est greffé, dans les pays « utilisateurs » comme la France, le discours selon lequel « l’entreprise française et son salarié seraient perdants ». La réalité est tout autre : il existe deux gagnants : « le donneur d’ordre en France et l’employeur basé à l’étranger » et deux perdants : « le salarié travaillant en France devenant chômeur ou se voyant demandé de s’aligner dans les faits sur des droits sociaux réduits et le salarié étranger obligé pour voir une amélioration relative de sa situation de quitter ses proches et ses racines pour aller travailler à l’étranger en espérant un travail un peu moins pénible - ou un travail tout court - et un peu moins mal payé le tout dans des conditions de vulnérabilité évidentes ». C’est donc une mise en concurrence entre nationalités voire ethnies qui tente de masquer la réalité de l’exploitation renforcée des classes sociales dominées des différents pays.

Quant au cynisme, on le retrouve parmi nos chefs de gouvernements, ministres, parlementaires - c’est à dire ceux-là même qui ont élaboré la
directive et organisé « l’importation » à bas prix de salariés de toute l’Europe. Ceux-là même qui pleurent des larmes de crocodile sur les conditions de travail et de rémunération des salariés détachés et surtout sur la concurrence déloyale frappant les entreprises françaises créatrices-de-richesses-et-d’emploi-forcément-moins-compétitives-à-causedu-coût-du-travail-élevé-et-de-la-rigidité-dumarché-du-travail-sans-oublier-les-contraintesrèglementaires-droit-du-travail-en-tête.

Cynisme aussi côté patronal puisque les mêmes qui crient à la concurrence déloyale et à l’inaction de l’Etat utilisent à tour de bras ce
système de la PSI et d’abord les grands groupes Bouygues, Vinci, Eiffage,...qui par cascade de sous-traitants « emploient » au final des
entreprises de détachement sur leurs chantiers.

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Cynisme, Mensonges et Coups de menton : les dessous de l’Instruction DGT du 5 février 2015 sur la Prestation de Service Internationale (PSI)_SUD Travail mars 2015


Article publié le mardi 28 avril 2015